lundi 4 janvier 2010

Billet sur la conférence d’Hervé Le Crosnier : Pratique de lectures à l’ère de l’ubiquité, de la communication et du partage de la connaissance .




(dans le cadre des « Métamorphoses numériques du livre » qui se sont déroulées les 30 novembre et 01 décembre 2009 à la Cité du livre d’Aix-en-Provence)

Hervé Le Crosnier est enseignant-chercheur à l’université de Caen. Il participe au réseau de recherche sur le document numérique du CNRS, ancien bibliothécaire il a fondé la liste professionnelle de débat biblio-fr et est aussi éditeur multimédia chez C&F éditions.

Cette conférence d’Hervé Le Crosnier devait faire l’ouverture de ces deux journées de colloque, il n’est malheureusement intervenu qu’à la fin de la première matinée. « Malheureusement » car ça aurait été une parfaite conférence introductive sur la question des métamorphoses numériques du livre et nous pouvons regretter qu’elle n’est pas eu lieu au moment prévu. En effet, dans cette intervention Hervé Le Crosnier a défini les notions et les concepts de bases de cette problématique et en a rappeler les enjeux.

Pour commencer, il s’est attelé à la définition de ce qu’est un livre aujourd’hui et a, en particulier, donné des pistes de compréhension, sur la question de ce qu’est un livre numérique, en précisant qu’il s’agissait du résultat d’une métamorphose, prenant l’image de celle du papillon. Il a ensuite expliquée que la notion de document réside davantage dans la communauté des lecteurs que dans l’objet sur l’étagère. Il cite Michel Melot : « C’est dans cette communauté de lecteurs qu’il faut chercher le document. ». Ainsi plusieurs axes ont été dégagé pour approcher cette métamorphose :

- du point de vue de la forme avec l’intégration du multimédia

- la question du sens et les nouvelles pratiques d’organisation des données et des informations et la manière d’en extraire les connaissances

-et pour finir du point de vue du médium qui pose des problèmes économique et juridique.

Ceci a permis de dégager le postulat de base de cette problématique sur l’arrivée du numérique et les changements des pratiques de lecture qui l’accompagne, à savoir , la séparation du contenu et de son enveloppe : l’immatériel qui s’émancipe du matériel.

C’est là que réside le cœur de cette problématique et d’où découle un certain nombre d’enjeux : sur le partage de la connaissance, avec le web en tant que bibliothèque de tous les savoirs ; sur le problème de la convergence des télécoms, de l’informatique et des médias autour d’un même réseau de diffusion, qu’est internet ; mais aussi sur la question des nouvelles pratiques de lecture qui reposent sur de nouveaux supports tels que les ordinateurs portables ou même les téléphones mobiles ; ou encore sur la question de l’accès au contenu qui elle-même pose d’autres questions.

En effet, pour accéder au contenu sur internet il faut commencer par passer par une étape de recherche. Ceci pose une question essentielle pour nous bibliothécaires, sur les notions de repérage et de classement de l’information mais aussi sur la question de l’intermédiaire que sont alors les moteurs de recherche. De cela découle la question de la pertinence de cette nouvelle organisation de l’information régit par des enjeux publicitaires et financiers.

D’autre part, cette nouvelle organisation de l’information engendre aussi des évolutions dans les pratiques de lecture et d’appropriation de l’information : une lecture parcellaire, fragmentée et une appropriation de l’information sur le système du « copier/coller ». Ce qu’ Hervé Le Crosnier appelle la remix culture. Ceci dit, il ne faut pas la rejeter mais la comprendre et tenter d’organiser ses usages dans une nouvelle perspective basé sur le partage des connaissances que le numérique et internet permettent d’enrichir considérablement avec les échanges, les commentaires, les critiques, les rebonds…tout ce qui compose ce qu’on appelle les métadonnées culturelles d’une œuvre.

Ceci pose bien évidemment des problèmes à la fois géopolitique mais aussi juridique et économique, en particulier en ce qui concerne la question de la propriété de l’œuvre, du droit d’auteur et de sa rémunération. En effet, l’infrastructure entière de la chaîne du livre, avec la création de document numérique, tend aujourd’hui vers zéro car tout le monde peut avoir la possibilité technique de mettre en œuvre cette création. Hervé Le Crosnier rappelle ici, que ce qui est la ressource rare aujourd’hui, c’est le lecteur. Il faut capter et garder son attention.

Ces questions sont a prendre au sérieux car elles engendrent des risques car cette production sur internet requiert de trouver un nouveau système économique qui ne doit pas être ce vers quoi elle tend : uniquement basé sur la publicité comme seul payeur de la culture. Car alors il faudra s’interroger sur quelle culture nous attend demain avec un tel système. Des solutions sont proposées avec des modèles d’économie collective qui propose une répartition des sommes collectées globalement suivant les usages.

D’autre part, Le Crosnier s’interroge sur le « oser penser » différemment : le droit d’auteur doit-il être figé ? Quel nouveau modèle, pouvons-nous proposer pour préserver la culture indépendante de marchés financiers trop pressants ? Quel va être le nouveau contrat social autour de la lecture ? C’est une révolution technique mais aussi des comportements auxquels il faut participer à ce moment crucial et passionnant dans lequel on vit aujourd’hui.

Liens vers d'autres blogs présentant des résumés de ces conférences:

sur l'apprenti-biliothécaire

(compte-rendu de la conférence d'Isabelle Le Masne)

sur bibliorev

et

sur bibliophage

(compte-rendu de la conférence d'Alain Giffard)


sur abracadabibliothesque


(compte-rendu de la conférence de Bernard Stiegler)

sur bibliopholie

(compte-rendu de la conférence de Gilles Eboli)

sur encrinet

et

sur bibevolution


(compte-rendu de la conférence de Brigitte Simmonot)

sur la tached'encre

(compte-rendu de la conférence de Thierry Baccino)

sur bibulle

(compte-rendu de la conférence de Martin Dacos)

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