samedi 27 février 2010

Univers netvibes


Grâce à notre intervenant, Mr Franck Queyraud, bibliothécaire à St Raphaël, nous avons appris à développer des univers netvibes, et nous avons récemment rendu notre page publique afin de vous les faire partager, en particulier sur les travaux que nous avons réaliser :

Sur la musique en bibliothèque : bibliopholie et Pau's world
Sur l'auto-formation en bibliothèque : biblorev et ceylankaln
Sur le handicap en bibliothèque : tache d'encre et encrinet
Sur l'intercommunalité et la bibliothèque : bibliophage et bibévolution
Sur le patrimoine en bibliothèque : l'apprenti-bibliothécaire et bibliocompagnie

vendredi 26 février 2010

Le patrimoine en bibliothèque


Dans le cadre de la licence pro Métier du livre d'Aix-en-Provence, nous avons travaillé par groupe de deux, sur différentes thématiques concernant les bibliothèques. Ces travaux ont abouti à des projets tutorés, sorte de rapport ou mémoire sur ces sujets, avec Sara, nous avons travaillé sur le patrimoine en bibliothèque. Pour consulter ce projet, cliquer sur ce lien :


le patrimoine en bibliothèque



Nous avons aussi fait une soutenance orale où nous avons développé des questions que nous n'avions pas eu le temps de bien traiter dans notre rapport, en voici la substance :

RESUME DU PROJET TUTORE :

Dans une première partie, nous nous sommes attachées à définir ce qu’est le patrimoine ?

-évolution de la définition du patrimoine (cf rapport Desgraves de 1982)

-les missions fondamentales pas toujours faciles à concilier :

- la conservation du patrimoine ancien

- la constitution du patrimoine de demain

- le traitement et la mise en valeur

- la communication et la mise à disposition du public

- la constitution de réseaux de coopération entre bibliothèques pour la réalisation de ces missions.

La coopération est importante pour toutes les bibliothèques, et d’autant plus en matière de patrimoine :

-pour une gestion cohérente du patrimoine sur l’ensemble du territoire (rôle de l’Etat, de la Bnf avec les pôles associés)

-mutualisation des moyens (financier, espace, temps de travail..) pour une conservation partagée, des catalogues collectifs, la numérisation partagée…

La numérisation du patrimoine est en plein dans l’actualité politique et culturel aujourd’hui, en France, les bibliothèques doivent la mettre en œuvre. Ce travail nécessite diverses actions : une préparation des documents (sélection et préparation), régler la question juridique (droit d’auteur, œuvres orphelines), trouver des solutions aux soucis économique et technologique…

QUELQUES POINTS QUE NOUS AURIONS VOULU APPROFONDIR :

I- La conservation et les problèmes que cela pose :

La conservation fut depuis la révolution une mission essentielle des bibliothèques, mais elle pose différents types de problèmes :

Sur la question des supports des documents et leur caractère organique les rendant fragiles, subissant inévitablement les dégradations naturelles dues au temps. Sur les documents anciens, il faut donc mettre en œuvre des opérations du type désacidification du papier, très lourdes à supporter pour les bibliothèques, si on le rapporte au nombre de documents à traiter.

Un travail important a été mis en place depuis le milieu des années 80 par l’organisation internationale de normalisation (ISO) pour faire respecter un certain nombre de normes (portant sur la qualité du papier, de l’encre ou encore des reliures). Cela afin de faciliter la conservation de la production contemporaine.

Dans le même temps, les programmes PAC (Préservation et conservation) du patrimoine des bibliothèques et archives, initié par l’IFLA et « Mémoire du monde » de l’UNESCO, visent à favoriser la conservation et la communication du patrimoine écrit en « s’assurant que tous les documents d’archive et de bibliothèque, publiés ou non, quel que soit leur format, soient conservés dans une forme accessible pour une durée aussi longue que possible ».

Pour atteindre cet objectif que ce soit l’IFLA ou l’UNESCO, il a été initié des collaborations internationales (avec pour L’IFLA, le centre international du PAC, hébergé depuis 1992 par la BnF). Ces collaborations se sont aussi développées aux niveaux national, régional, ou même local, elles visent toutes les mêmes objectifs :

-économie des moyens

-conservation et campagne de numérisation répartie

-localisation des documents avec les catalogues collectifs pour une meilleure diffusion…

(Pour répondre aux problèmes de locaux trop petit, numérisation trop couteuse, éviter les doublons…)

C’est un travail toujours en cours, car an France 50 % des fonds patrimoniaux ne seraient pas catalogués. Ils ne sont donc pas connus même par les professionnels qui en ont la charge. Ainsi, on peut souligner le paradoxe d’une conservation si importante, on pourrait presque dire massive et le manque de moyens pour traiter, signaler, cataloguer, conserver dans de bonne conditions ces collections…

Il nous a donc semblé intéressant de se pencher sur le concept même de la conservation.

C’est, un concept qui n’a cessé d’évoluer, une citation d’André-Pierre Syren l’exprime très bien :

« Après avoir été les gardiens d’un corpus religieux dans un monde clos, pédagogues d’un corpus intellectuel dans un monde en expansion, les bibliothécaires peuvent s’envisager agenceurs d’un corpus interculturel dans un monde ouvert. »

En somme, (de manière beaucoup moins lyrique), il y a eu l’évolution :

- d’une conservation subit : à l’époque des saisies révolutionnaires où les bibliothécaires se sont vus imposé la charge d’une masse de documents sans avoir les moyens nécessaires pour les gérer. Ceci s’est poursuivit…

- à une conservation choisie : avec, par exemple, la constitution du patrimoine de demain, mais aussi le tabou du « désherbage » de ces collections qui fut mis à jour en France, lors d’un débat durant l’été 2006 sur la liste de diffusion Bibliopat, mais dont on parle encore peu car il suscite des questions gênantes : éliminer des documents de ce fonds pour avoir les moyens d’en concerver d’autres car le risque est de tous les laisser se dégrader. Le fantasme d’une conservation maximale devenant le pire ennemi du patrimoine écrit, car cela nécessite trop de moyen. Des choix sont donc à faire et les fonds doivent être réévalués, il faut s’interroger sur la pertinence de la conservation de tel ou tel document des fonds patrimoniaux. (cf .un article de Télérama , de septembre 2009, où Umberto ECO explique que pour avoir une culture commune, il faut à un moment donné, qu’il y ait une sélection).

- à, aujourd’hui, une conservation pas entièrement contrôlée avec l’avènement du numérique et la masse de la production, citons l’exemple des captures de sites par la BnF, qui certes contrôle le choix des sites mais ceci avec une capture périodique qui a un caractère aléatoire. De plus cette production est de plus en plus immatérielle : numériquement native, ce qui transforme aussi la façon de concevoir leur conservation.

Le numérique permet une nouvelle façon mettre en place et de concevoir la conservation des collections patrimoniales mais elle permet aussi une communication plus aisée de ces collections. Cette voie technologique (le numérique) permettrait peut-être de reconnecter les missions de conservation et de diffusion jusqu’ici trop souvent envisagé séparément, l’une se développant au détriment de l’autre.

La question de la diffusion du patrimoine est aujourd’hui devenue un point central des préoccupations. Nous nous sommes donc interroger, sur quel est le public du patrimoine ? C’est ce que Sara va à présent développer.

II- La question des publics du patrimoine

L'évolution de la relation entre les collections patrimoniales et les publics, l'évolution de la volonté de diffusion des collections patrimoniales aux publics.

Du public ennemi au public à tout prix

Pendant longtemps, les collections patrimoniales n'étaient pas du tout orientées vers les publics. Bien au contraire, les publics du patrimoine étaient plutôt considérés comme des ennemis de ces collections dans un extrême souci de conservation.

L'accès des lecteurs aux collections était très restreint, réglementé...

Pour caricaturer pendant longtemps, seul un public d'érudit, de professionnels experts, initiés et autonome en matière de patrimoine était autorisé pour accéder à ces collections = des lecteurs choisis, un public acquis.

Puis progressivement à partir des années 80, différents facteurs sont intervenus et qui ont modifié la relation des collections patrimoniales à leurs publics.

La diversification des collections, l'augmentation du nombre de chercheurs et d'étudiants, l'intérêt croissant des contemporains au patrimoine, l'apparition de nouveaux moyens de diffusion et de valorisation, la volonté des bibliothèques publiques de se tourner de plus en plus vers les publics …

L'idée d'élargissement des publics du patrimoine est arrivée progressivement : des services patrimoniaux plus accueillants, plus confortables pour leurs lecteurs traditionnels et aussi tout un effort de valorisation auprès d'un plus grand public (exposition, publication, visite, animation …) tout un travail de sensibilisation et de promotion du patrimoine a été en augmentant.

Avec de nouveaux questionnements à la clé :

Quelle offre de valorisation du patrimoine proposer qui satisfasse à la fois un plus large public et les publics traditionnels initiés du patrimoine ?

Comment mieux connaître les attentes de ces nouveaux publics potentiels du patrimoine ? Comment être sûr d'intéresser un public de non initié ???

Comment toucher le grand public dans une société du flux et de l'éphémère où la concurrence informationnelle est énorme ?

Pas de réelles enquêtes sur les publics du patrimoine, leurs attentes, leurs pratiques. Jusqu'à présent les pouvoirs publics et les sociologues se sont peu intéressé à ces publics. peu de données, peu d'info sur ces publics.

Les professionnels n'ont pas d'autres solutions que de tenter des expériences, d'essayer, en matière de valorisation du patrimoine.

(Marie-Pierre Dion – Le patrimoine des bibliothèques et ses publics (Le patrimoine : histoire, pratiques et perspectives – sous la direction de Jean-Paul Oddos – éditions du cercle de la librairie – 1997)

Avec les nouvelles technologies, avec notamment les techniques de numérisation et développement des bibliothèques numériques... = un autre pas est franchi dans l'évolution de la relation patrimoine et public … avec une volonté réelle des bibliothécaires portée par une volonté politique des pouvoirs publics d'aller au devant des publics pour une diffusion toujours plus large auprès du grand public...

des collections patrimoniales hi-tech, accessible par Internet, de jour comme de nuit, pour le public initié et le grand public...

Les derniers outils de communication Internet à la mode sont alors mis au service des collections patrimoniales (au final les mêmes outils de communication que ceux utilisés désormais par les bibliothèques publiques pour faire la promotion de leurs collections courantes et de leurs services aux usagers).

À titre d'exemple : la politique de diffusion du patrimoine numérique pris par la BnF dans le projet Gallica.

Les nouveaux outils de Gallica :

la nouvelle version de Gallica a été mise en ligne tout récemment le 15 février dernier (moins fouillis, plus accessible, plus ciblé, avec des parcours virtuels proposés dans la bibliothèque, parcours qui varient fréquemment, plusieurs parcours proposés lors d'une visite d'un ¼ heure...) = mis en ligne en même temps que le millionième document numérisé.

(mis en ligne le même jour que la nouvelle version) La page netvibes de Gallica : idem choix de la limpidité, ne pas surcharger l'internaute d'infos : les derniers documents numérisés par catégories, la lettre de Gallica, l'onglet coopération permet d'accéder à une carte de France des bbq numériques

(idem même jour) : la page publique facebook... avec actualité de Gallica

le blog Gallica qui existe depuis le début de l'année

la lettre de Gallica : à laquelle on peut s'abonner

projet de twitter

Gallica cherche par tous les moyens technologiques à intéresser le public...

Face à cette multiplication d’outils de communication au service du patrimoine, on peut rester perplexe ? Est que ça traduit une obsession de l’audience ? Est-ce que ça obéit à la pression technologique ? À un effet de mode ?

La question la plus pertinente semble être : Est-ce que cela va susciter un réel intérêt des internautes ?

L'avenir le dira et c'est là qu'il serait intéressant d'avoir des enquêtes approfondies sur les profils et les pratiques des nouveaux usagers du patrimoine...et sur leur représentation du patrimoine.

Conclusion :

En guise de conclusion rapide : le patrimoine des bibliothèques est d'actualité en France, en Europe et dans le monde et fait débat. Les collections patrimoniales semblent aujourd'hui faire pleinement partie de la dynamique de réflexion et d'évolution de la bibliothèque publique. Les collections patrimoniales ont évolué, elles sont devenues des collections plus vivantes, que les bibliothécaires veulent communiquer à leurs publics. Et les NTIC ont largement contribué à cette évolution. Les NTIC permettent de concilier plus facilement la mission de conservation et la mission de diffusion : les deux missions fondamentales des bibliothèques en matière de patrimoine.

« Et si le passé était l'avenir des bibliothèques ? » (Claude Poissenot / blog Livres-hebdo – 18 décembre 2009).

En tout cas il nous apparaît certain que la mission de lecture publique et la mission patrimoniale des bibliothèques semblent n'avoir jamais été aussi unies, toutes deux à la poursuite d'un même objectif : la défense de l'existence des bibliothèques publiques comme instrument de diffusion du savoir.

dimanche 10 janvier 2010

Intervention de Claude Poissenot



Les jeudi 7 et vendredi 8 janvier 2010, Claude Poissenot est intervenu dans le cadre de la licence professionnelle de l’IUT Métiers du livre d’Aix-en-Provence. Le titre de son intervention était : « Les bibliothèques et leur publics ».

Après un léger retard dû aux conditions climatiques et à l’oubli d’une valise dans un bus… Nous avons enfin eu le privilège de rencontrer ce sociologue dont on nous avait tant parlé lors de nos différents cours !

L’entrée en matière ne fut pas des moindres, car elle se fit avec cette citation de Passeron : « Les effets de l’illusion ne sont pas illusoires. » Ensuite après quelques précisions pour présenter le cadre de cette intervention Claude Poissenot entra dans le vif du sujet en affirmant qu’aujourd’hui la question des publics est obligatoire.

En France, les bibliothèques, et ce depuis la Révolution, ont avant tout eues le souci des livres. Ce qui n’est pas le cas des bibliothèques anglo-saxonnes qui n’ont pas ce poids de l’héritage patrimonial. C’est seulement à la fin du XIXème siècle, avec les bibliothèques universitaires, que la question de l’usager apparait. Se développe alors une politique d’offre, de prescription, le public n’existe alors que comme public à façonner. Ainsi cette politique d’offre représente un obstacle à la connaissance des publics, on s’adresse plus à un public idéal qu’au public réel.

Pour les bibliothèques publiques, le public est pourtant essentiel, car dans ces missions, elle doit être ouverte à tous. Aujourd’hui avec l’essor du numérique et d’internet cette question devient de plus en plus cruciale.

Ainsi, pour développer cette problématique du public en bibliothèque, il faut pouvoir s’appuyer sur un schéma d’analyse des publics. La fréquentation, en tant que différence entre les usagers et les non usagers, est un critère important pour commencer une analyse et une compréhension des publics. La fréquentation est la résultante de deux causalités : une causalité externe : l’environnement social, et une causalité interne : qui dépend des bibliothèques et de l’organisation de leurs services. Pour comprendre la fréquentation et décrypter les publics, il faut un certain nombre d’indicateurs :

-le taux des inscrits : nombre d’inscrit/population de la commune (mais attention de nombreux paramètres entrent en jeu et le rendent plu s ou moins relatif, exemple : inscrits de communes voisines)

-le volume de fréquentant : l’enquête du CREDOC de 2005 a montré une baisse du nombre d’inscrits mais une augmentation du nombre de fréquentants , démontrant un changements dans les usages. Mais en 2010, avec l’enquête sur les pratiques culturelles des français d’Olivier Donnat, la prévision du CREDOC avec une augmentation du taux de fréquentation à 50%, s’est vu démentie avec une stagnation à 30%.

-la structure des fréquentants : de nombreux indices donne un paysage de cette structure :

-Une fréquentation féminisée (causalités externes et internes)

-Les jeunes fréquentent en pourcentage, plus la bibliothèque que leurs aînés mais cette tendance va sûrement s’inverser, notamment avec le « papyboum ».

-Un public socialement favorisé (mais en déclin) : la bibliothèque entre moins dans les pratique culturelle et sociale.

-Un poids faiblissant mais toujours massif du niveau de diplôme

Etc…

La fréquentation doit être pensé non comme un état mais comme un processus, afin de pouvoir en changer le cours. Comment un certain type de population arrive à fréquenter la bibliothèque plus que d’autre ? Quel est le filtre implicite qui incite plus certaines catégories que d’autres ? Tenter de répondre à ces questions visent à définir les défis de la bibliothèque, à la repenser afin qu’elle puisse continuer à remplir ces missions encyclopédiques et démocratiques.

Il y a, aujourd’hui, une évolution de ce qui constitue l’identité des individus : les individus revendiquent de plus en plus leur autonomie. On a assisté, depuis les années 60, a une émergence de l’autonomie individuelle. Cela change leur rapport au monde et donc aux institutions. Ainsi aujourd’hui, on revendique le choix mais celui-ci doit pouvoir être réversible. On revendique l’autonomie mais l’individu contemporain reste dans du relationnel car il ne se suffit pas à lui-même (l’homme est un être social et il a besoin de l’autre pour se définir).

La modernité amène aussi, une idée de relation horizontale. Cette horizontalité est fictive car il reste une hiérarchie, nécessaire dans la société humaine, mais c’est une aspiration. A partir de ces conceptions, la prescription n’est plus possible. Le conseil peut l’être, s’il s’inscrit dans un échange horizontal. Paradoxalement, l’enjeu de reconnaissance par les institutions reste important. Attention, il ne faut, cependant, pas tomber dans le communautarisme et la ghettoïsation.

L’enjeu pour les bibliothèques est de reconstituer un discours afin retrouver sa légitimité. Il y a, en effet, un processus de transition entre une légitimation par principe à une légitimation par la preuve. D’où la nécessité des évaluations qui se développent de plus en plus en bibliothèque.

Pour Claude Poissenot, la bibliothèque doit réussir à négocier un espace qui concilie le « être soi » et le « être avec », elle doit trouver une solution de « sociabilisassions des solitudes » car c’est un espace social, un espace public (et il n’y en a pas tant que ça). C’est un espace qui doit permettre d’être libre mais ensemble. Claude Poissenot cite alors la publicité de Mac Donald : « venez comme vous êtes ! ». Il explique que la bibliothèque devrait avoir ce slogan, que l’institution doit être capable de s’adapter au public. Il fait, dans ce sens quelques propositions :

- une implantation géographique en phase avec la population, comme par exemple des bibliothèques dans des centres commerciaux (cela existe un peu en France, notamment à Marseille : bibliothèque de Bonneveine)

- De la transparence depuis l’extérieur pour permettre la « mise en scène de la lecture » (c’est qui c’est développé dans les dernières constructions, notamment les BMVR)

- Assumer les choix de « culture froide » (ascétisme, distance à l’œuvre, étude, expérience individuelle…) et de « culture chaude » (hédonisme, participation, divertissement, convivialité…cf. B.Lahire) en les séparant, en donnant une place à chacune pour sortir d’un mélange aboutissant à une « culture tiède ». Il faut donc différencier les espaces.

- Le personnel doit aimer les gens tel qu’ils sont, sans jugement, et non tel qu’ils devraient être.

- Adieu Deway ? Pistes :

-Mettre en espace la littérature par genre

-Distinguer « comprendre le monde » (théorique) et « faire le monde » (pratique)

- Adopter un classement alternatif

(cf. httpwww.bisg.org/activities-programs/activity.php?n=d&id=73&cid=20)

Il faut aussi penser les usages, pour cela il faut :

- décomposer les services : espace de sociabilité, collections, usage des ordinateurs…

- une compréhension et une connaissance des comportements des usagers, exemple : comment les gens investissent-ils l’espace ?

- rechercher les logiques d’usages, qu’est-ce qui est le moteur des usages ?

Bref, l’enjeu réside dans une meilleure connaissance des publics, et pour cela il faut que les bibliothèques n’hésitent pas à développer et à mettre en œuvre des actions d’évaluation, des observations, des questionnaires, des entretiens, des enquêtes…et mettre, ensuite, en relation les informations qu’on en tire afin de mettre en place des adaptations en phase avec les publics.

lundi 4 janvier 2010

Billet sur la conférence d’Hervé Le Crosnier : Pratique de lectures à l’ère de l’ubiquité, de la communication et du partage de la connaissance .




(dans le cadre des « Métamorphoses numériques du livre » qui se sont déroulées les 30 novembre et 01 décembre 2009 à la Cité du livre d’Aix-en-Provence)

Hervé Le Crosnier est enseignant-chercheur à l’université de Caen. Il participe au réseau de recherche sur le document numérique du CNRS, ancien bibliothécaire il a fondé la liste professionnelle de débat biblio-fr et est aussi éditeur multimédia chez C&F éditions.

Cette conférence d’Hervé Le Crosnier devait faire l’ouverture de ces deux journées de colloque, il n’est malheureusement intervenu qu’à la fin de la première matinée. « Malheureusement » car ça aurait été une parfaite conférence introductive sur la question des métamorphoses numériques du livre et nous pouvons regretter qu’elle n’est pas eu lieu au moment prévu. En effet, dans cette intervention Hervé Le Crosnier a défini les notions et les concepts de bases de cette problématique et en a rappeler les enjeux.

Pour commencer, il s’est attelé à la définition de ce qu’est un livre aujourd’hui et a, en particulier, donné des pistes de compréhension, sur la question de ce qu’est un livre numérique, en précisant qu’il s’agissait du résultat d’une métamorphose, prenant l’image de celle du papillon. Il a ensuite expliquée que la notion de document réside davantage dans la communauté des lecteurs que dans l’objet sur l’étagère. Il cite Michel Melot : « C’est dans cette communauté de lecteurs qu’il faut chercher le document. ». Ainsi plusieurs axes ont été dégagé pour approcher cette métamorphose :

- du point de vue de la forme avec l’intégration du multimédia

- la question du sens et les nouvelles pratiques d’organisation des données et des informations et la manière d’en extraire les connaissances

-et pour finir du point de vue du médium qui pose des problèmes économique et juridique.

Ceci a permis de dégager le postulat de base de cette problématique sur l’arrivée du numérique et les changements des pratiques de lecture qui l’accompagne, à savoir , la séparation du contenu et de son enveloppe : l’immatériel qui s’émancipe du matériel.

C’est là que réside le cœur de cette problématique et d’où découle un certain nombre d’enjeux : sur le partage de la connaissance, avec le web en tant que bibliothèque de tous les savoirs ; sur le problème de la convergence des télécoms, de l’informatique et des médias autour d’un même réseau de diffusion, qu’est internet ; mais aussi sur la question des nouvelles pratiques de lecture qui reposent sur de nouveaux supports tels que les ordinateurs portables ou même les téléphones mobiles ; ou encore sur la question de l’accès au contenu qui elle-même pose d’autres questions.

En effet, pour accéder au contenu sur internet il faut commencer par passer par une étape de recherche. Ceci pose une question essentielle pour nous bibliothécaires, sur les notions de repérage et de classement de l’information mais aussi sur la question de l’intermédiaire que sont alors les moteurs de recherche. De cela découle la question de la pertinence de cette nouvelle organisation de l’information régit par des enjeux publicitaires et financiers.

D’autre part, cette nouvelle organisation de l’information engendre aussi des évolutions dans les pratiques de lecture et d’appropriation de l’information : une lecture parcellaire, fragmentée et une appropriation de l’information sur le système du « copier/coller ». Ce qu’ Hervé Le Crosnier appelle la remix culture. Ceci dit, il ne faut pas la rejeter mais la comprendre et tenter d’organiser ses usages dans une nouvelle perspective basé sur le partage des connaissances que le numérique et internet permettent d’enrichir considérablement avec les échanges, les commentaires, les critiques, les rebonds…tout ce qui compose ce qu’on appelle les métadonnées culturelles d’une œuvre.

Ceci pose bien évidemment des problèmes à la fois géopolitique mais aussi juridique et économique, en particulier en ce qui concerne la question de la propriété de l’œuvre, du droit d’auteur et de sa rémunération. En effet, l’infrastructure entière de la chaîne du livre, avec la création de document numérique, tend aujourd’hui vers zéro car tout le monde peut avoir la possibilité technique de mettre en œuvre cette création. Hervé Le Crosnier rappelle ici, que ce qui est la ressource rare aujourd’hui, c’est le lecteur. Il faut capter et garder son attention.

Ces questions sont a prendre au sérieux car elles engendrent des risques car cette production sur internet requiert de trouver un nouveau système économique qui ne doit pas être ce vers quoi elle tend : uniquement basé sur la publicité comme seul payeur de la culture. Car alors il faudra s’interroger sur quelle culture nous attend demain avec un tel système. Des solutions sont proposées avec des modèles d’économie collective qui propose une répartition des sommes collectées globalement suivant les usages.

D’autre part, Le Crosnier s’interroge sur le « oser penser » différemment : le droit d’auteur doit-il être figé ? Quel nouveau modèle, pouvons-nous proposer pour préserver la culture indépendante de marchés financiers trop pressants ? Quel va être le nouveau contrat social autour de la lecture ? C’est une révolution technique mais aussi des comportements auxquels il faut participer à ce moment crucial et passionnant dans lequel on vit aujourd’hui.

Liens vers d'autres blogs présentant des résumés de ces conférences:

sur l'apprenti-biliothécaire

(compte-rendu de la conférence d'Isabelle Le Masne)

sur bibliorev

et

sur bibliophage

(compte-rendu de la conférence d'Alain Giffard)


sur abracadabibliothesque


(compte-rendu de la conférence de Bernard Stiegler)

sur bibliopholie

(compte-rendu de la conférence de Gilles Eboli)

sur encrinet

et

sur bibevolution


(compte-rendu de la conférence de Brigitte Simmonot)

sur la tached'encre

(compte-rendu de la conférence de Thierry Baccino)

sur bibulle

(compte-rendu de la conférence de Martin Dacos)